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CONSTRUIS TA JEEP, de Marielle Pinsard

Cie L'Alakran (CH)

août
2006

90'

Posé sur scène, un expert de l’estomac parle de la valeur des êtres et des choses.
Non loin de lui, une voiture pour symboliser l’affirmation de soi et un chien pour ce qui est de l’obéissance bête. Et bien sûr, deux femmes et blondes, sans lesquelles
tout le reste ne serait pas possible. Ce riche chirurgien passe aux aveux et à l’attaque, apostrophe le monde et ses voisins. Entre confession et imprécation, ce prototype du séducteur tueur est saisi au plus près de sa folie ordinaire, de sa beauferie désarmante, toute bonne conscience dehors et honte bue. En s’emparant de la figure tutélaire du médecin chère à Molière, Marielle Pinsard s’aventure dans les eaux troubles du calcul égoïste : notre lieu commun.

L’Alakran lui emboîte le pas et décrypte, loin des pièges de l’auto-justification et de la fausse pitié, notre rapport à l’argent et au pouvoir. Naît alors un théâtre politique (comment faire autrement?) dans lequel rire et malaise se côtoient en toute camaraderie.
Marielle Pinsard et Oskar Gómez Mata partagent le même désir de proposer au spectateur une place de théâtre et non un fauteuil, de faire en sorte que les gens soient obligés de se demander ce qu’ils font là. Pinsard, par ses textes, et Gómez Mata, par ses mises en scène, tendent un miroir à leur public sans que celui-ci ne se sente forcément obligé de s’y mirer. On se reconnaît (ou pas), on aime notre reflet (ou pas)… ce va-et-vient permet la construction de spectacles et de performances qui racontent les atermoiements de notre quotidien, les dynamise, les poétise pour mieux les envoyer bouler, cul pardessus tête. Comme des couteaux, Blonde Unfuckingbelievable Blond, Les parieurs, Mon Pyrrhus autant de titres qui ont permis de découvrir le travail d’écrivain et de metteur en scène de Marielle Pinsard, au cours de ces dernières saisons en résidece à Saint-Gervais. Son écriture incisive, son regard ironique jonglent avec les références de notre époque et chroniquent, sans fard, les travers de notre société consumériste et auto-satisfaite.
Marielle Pinsard est également en résidence à l’Arsenic (Lausanne), a été l’invitée des deux dernières éditions du Festival d’Avignon et tourne régulièrement ses projets en Suisse allemande et en France. Oskar Gómez Mata et sa compagnie L’Alakran ont été les passeurs de quelques belles écritures contemporaine : de Antón Reixa à Rodrigo García en passant par Robert Filliou ou encore Alfred Jarry. Ludiques et turbulents, leurs spectacles rencontrent à chaque fois un nouveau public : de Berne à Toulouse, de Chambéry à Bilbao, Zurich et Paris. Construis ta Jeep sera la huitième création de L’Alakran à Saint-Gervais où la compagnie a fait ses débuts en 1997.

de Marielle Pinsard

mise en scène: Oskar Gómez Mata
avec Michèle Gurtner, Barbara Schlittler, Oskar Gómez Mata
assistantes à la mise en scène: Esperanza López, Delphine Rosay
scénographie et lumière: Michel Faure
lumière: Yann Marussich
son: Serge Amacker
costumes: Isa Boucharlat
maquillage: Cristina Simoes
vidéo: Francesco Cesalli, Damien Plandolit
figurants vidéo: Angélique Colaisseau, Thierry Calzolari et le chien Chica
montage décor: Loïc Rivoalain.
production et administration: Barbara Giongo, Catherine Cuany
coproduction: Compagnie l'Alakran, Théâtre Saint-Gervais Genève, far° festival des arts vivants Nyon

Par sa manière particulière de travailler et de concevoir ses projets, la Compagnie L’Alakran produit des spectacles immédiatement identifiables. Elle crée son propre répertoire, à la façon des chorégraphes en danse contemporaine.

Les projets de l’Alakran se construisent à partir d’une idée, d’un thème, autour duquel Oskar Gómez Mata organise le travail; ces thèmes sont le point de départ d’une chaîne qui s’alimente d’éléments dramaturgiques, des répétitions également, et aussi des tournées, des stages et des ateliers. Toutes les étapes de la création sont des pièces indépendantes, des objets finis, mais qui font partie d’un processus de réflexion plus global qui les lie.

Le public au coeur du processus de création
Dans l’histoire de la Compagnie, il y a eu des spectacles basés sur des textes (¡Ubu! d’après Alfred Jarry, Construis ta Jeep de Marielle Pinsard ou La Maison d’Antan, conte de R. L. Stevenson), mais celui-ci est toujours considéré avant tout comme une matière, une proposition ; car ce qui est le plus important pour l’Alakran, c’est le présent de la représentation. Cela suppose une autre relation entre la matière textuelle et la scène, entre l’interprète et le plateau, entre l’oeuvre théâtrale et le public. C’est pendant la représentation que la pièce est achevée. Ainsi, la Compagnie L’Alakran propose un nouveau mode de représentation de la réalité qui correspond à une nouvelle façon de concevoir les relations entre l'observateur et l'objet artistique: l’oeuvre d’art n’est pas finie tant qu’elle ne se construit pas chez le spectateur. C’est tout l’art du présent, tel que se définit classiquement l’art théâtral, qui prend forme dans cette manière “contemporaine” de faire du théâtre.

Le public de l’Alakran sait qu’il va voir quelque chose de différent, quelque chose de ludique, de poétique et philosophique et souvent de politique.
La dynamique intellectuelle est toujours soit parallèle, soit provoquée par la dynamique sensorielle, jamais le contraire. C’est grâce à ce projet artistique et à cette manière de fonctionner que L’Alakran a pu se développer et que son travail est connu dans le panorama théâtral national et international.

 

www.alakran.ch