Réunir en un lieu des spectateurs et des artistes n’a rien d’anodin, pour autant que l’enjeu de l’événement surpasse le simple divertissement culturel. Chaque été, le far° se propose de construire un festival qui invite à se rassembler, s’engager et se remettre en question. C’est une nouvelle fois dans cette dynamique que nous avons travaillé à la 33e édition, intitulée Nos futurs. En jouant avec ce titre, nous cherchons à élargir nos perspectives en révélant des visions du monde et des initiatives porteuses d’optimisme qu’il nous semble nécessaire de mettre en lumière. Beaucoup de voix affirment en effet que nous nous trouvons à un moment charnière de notre civilisation et témoignent d’un besoin de réinventer notre rapport au réel. Pourquoi alors ne pas nous joindre à ce mouvement en pleine ébullition?
Nos futurs réunit des artistes et des œuvres qui explorent le potentiel des arts vivants pour façonner de nouvelles approches, que ce soit par un usage ludique du conditionnel dans les récits, en acceptant l’idée du corps comme capteur de forces et de signaux qui le dépassent, ou encore par l’usage de formes in situ pour éprouver des versions décalées de la réalité. Dans ce sens, les artistes présentés tentent de se défaire de ce qui va de soi, pointent le rythme effréné et les contraintes de nos quotidiens, élargissent des brèches pour s’en extraire. Ils invitent à s’interroger sur la peur et l’espoir, ravivent aussi bien la pensée que le sensible, créent des laboratoires pratiques de démocratie, convoquent la danse comme un acte magique ou créent de nouveaux mythes.
Si pour inventer il faut se donner un espace d’expérimentation, alors le far° ouvre un tel espace. Cette édition 2017 prend son point d’appui sur le monde tel qu’il est pour envisager ce qu’il pourrait être, pour s’essayer à peupler de nouveaux imaginaires qui peut-être essaimeront dans le réel.
Véronique Ferrero Delacoste
et l’équipe du far°