MUSCLES – Une performance de Sara Leghissa à l’EPFL

Pour la deuxième fois, le CDH-Culture co-produit avec le far° festival et fabrique des arts vivants à Nyon un événement artistique à l’EPFL. Après le workshop RUINED, suivi de la performance MOLDING de Sara Manente en 2023, c’est la performance MUSCLES de l’artiste italienne Sara Leghissa qui sera activée dans le cadre du festival Les Culturelles.

MUSCLES interroge la visibilité et l’invisibilité des corps dans l’espace public. Sara Leghissa s’inspire d’une part de son propre corps et de ses expériences personnelles. D’autre part, elle s’appuie sur le texte Against Ordinary Langage, The Language of the Body (1993) de l’autrice américaine Kathy Acker (1947-1997), dans lequel elle entremêle des observations sur sa pratique du bodybuilding et des réflexions sur la philosophie du langage.

Au cours de la performance, les mots de l’une et de l’autre se feront écho à travers plus de 80 affiches collées par Sara Leghissa sur un support ad hoc. Le texte, sous forme de palimpseste et de phrases superposées, sera affecté par les gestes et attitudes corporelles de l’artiste. En s’appropriant de manière artistique et philosophique l’affichage publicitaire – destiné majoritairement à la promotion de produits de consommation – Sara Leghissa interpelle alors les modes de présences et d’actions des individus dans l’espace public.

A la suite de la performance, un moment d’échanges permettra de revenir sur le processus de création de cette performance polysémique, de partager les différentes impressions et de développer, collectivement, une réflexion. Une discussion en anglais sera animée par Nathalie Garbely (far° Nyon), en présence de Sara Leghissa, de Sandra Cane (spécialiste en Études genre) et de Claire Logoz, architecte (ENAC-ALICE) qui, dans le cours DRAG(UE), introduit les notions de performativité et de genre dans l’environnement bâti. La discussion sera augmentée par l’apport de personnes provenant d’associations de l’EPFL, du Bureau de l’Égalité ainsi que du public.

 

Informations pratiques

Lieu : Hall du MED
Date et heure : 21 mai à 12h00
Durée de la performance : 30’
Durée de la discussion : 30’
Langue : anglais
Entrée libre, collation offerte dans la limite des places disponibles.
Inscription recommandée via ce formulaire en ligne.

  • @Iman Salem

Les artistes et intervenantes

Sara Leghissa est une artiste, performeuse et chercheuse basée à Milan. Sa pratique interroge les rapports de force qui traversent l’espace public et agissent sur les corps. Ses projets l’ont amenée à collaborer avec des groupes de populations marginalisées (personnes avec un parcours migratoire ou habitant des quartiers périphériques) à Milan, à Madrid ou encore en Palestine. Dans ses performances, réalisées le plus souvent dans la rue, Sara Leghissa s’appuie sur les éléments présents, comme les panneaux d’affichage publicitaire. Elle joue avec les usages, détourne les codes (gestuelle, langue, etc.) pour nous inviter, non sans humour, à porter un regard renouvelé sur nos modes d’interaction quotidiens. Sara Leghissa montre régulièrement son travail en Italie et ailleurs en Europe : Santarcangelo (IT), ShortTheatre (IT), TriennaleTeatro Dell’Arte (IT), far° festival des arts vivants Nyon (CH), La Casa Encendida (E), Festival Parallèle (FR), Les Tombées De La Nuit (FR), Mir Festival (GR), Beursschouwburg e Kunstencentrum Vooruit (BE). La performance MUSCLES a été créée en 2023 à Milan. En août 2024, Sara Leghissa présentera à Nyon Pretend is a toilet, une nouvelle performance qui aborde les interactions entre les corps et les lieux normatifs, organisés en fonction du binarisme de genre, telles que les toilettes publiques.

Formée en études orientales et africaines à la SOAS University of London, Sandra Cane poursuit de manière indépendante des recherches en cultures queer et culture palestinienne contemporaine. Elle s’intéresse aux pratiques culturelles queer, antinormatives et décoloniales. Elle collabore à plusieurs revues et plateformes en ligne, tels que Kohl : A Journal for Body and Gender Research, Palestine Square, Il Tascabile, Arabpop, Not – NERO on Theory, Harper’s Bazaar Italia, Quid Media et Zero. En 2023, elle publie La grammatica della frammentazione aux éditions Einaudi, un livre à la forme ouverte et instable, alliant un autoportrait et une réflexion théorique sur la construction de l’identité.

Claire Logoz est une architecte diplômée en 2021 de l’EPFL qui consacre sa recherche à la performativité de l’environnement bâti et la façon dont l’architecture matérialise les constructions sociales. Elle a co-créé en 2021 la pratique multiple detritus, qui – au travers de textes, dessins, installations, performances, concours et objets – navigue de manière ludique dans la complexité du contexte contemporain. Claire Logoz est aussi active dans le champ pédagogique et enseigne le projet en tant que directrice de studio dans le laboratoire ALICE à l’EPFL. Elle donne également le cours DRAG(UE), qui introduit les notions de performativité et de genre dans l’environnement bâti.

Le contexte

Pourquoi MUSCLES à l’EPFL ?

L’architecture, le génie civil et, plus généralement, la construction et la gestion d’espaces bâtis occupent une place importante à l’EPFL, tant dans la formation que dans la recherche. C’est sur la question des usages de l’espace public que nous proposons de faire dialoguer les arts vivants et la science. En effet, la démarche de Sara Leghissa invite à penser les normes qui structurent l’espace public et la performativité des corps qui dévient des normes de genre. En jouant avec des ambivalences et en plaçant une expérience queer au cœur de MUSCLES, Sara Leghissa propose à la communauté de l’EPFL de questionner de manière critique et ouverte les usages, occupations, dominations, et autres appropriations de l’espace public.

 

Une collaboration avec Les Culturelles/EPFL

Le CDH-Culture et le far° Nyon ont collaboré pour la première fois en 2023 de manière fructueuse en invitant Sara Manente, artiste-chercheuse, et chorégraphe italienne établie à Bruxelles. Depuis plusieurs années, celle-ci s’intéresse aux rapports entre les êtres vivants, humains comme non-humains. Lors des Culturelles de mai 2023, elle a présenté MOLDING, une pièce chorégraphique. Avec son équipe, Sara Manente a également animé RUINED, un atelier de participatif de construction des pièces architecturales en mycélium. Les éléments construits collectivement avec les étudiant·es ont intégré une installation présentée au far° en août 2023.